Conflits d’intérêts présumés : une information judiciaire va être ouverte contre Eric Dupond-Moretti


Une information judiciaire va être ouverte contre le garde des Sceaux pour « prises illégales d’intérêt », selon le procureur général.

Une plainte avait été déposée contre Eric Dupond-Moretti, notamment par Anticor qui l’accuse de conflits d’intérêts.

Le procureur général près la Cour de cassation, François Molins, a annoncé ce 8 janvier qu’une information judiciaire allait bientôt être ouverte à l’encontre du garde des Sceaux, Eric Dupond-Moretti pour « prises illégales d’intérêt ».

La commission d’instruction de la Cour de justice de la République (CJR), compétente concernant les actes accomplis par les ministres dans l’exercice de leurs fonctions, va enquêter sur le ministre de la Justice. L’association Anticor et trois syndicats de magistrats avaient porté plainte contre Eric Dupond-Moretti, l’accusant de conflits d’intérêts liés à ses anciennes activités d’avocat.

Des plaintes qui reprochent au ministre d’avoir lancé des poursuites contre trois magistrats

Ces plaintes reprochent à Eric Dupond-Moretti d’avoir lancé en septembre des poursuites administratives contre trois magistrats du parquet national financier (PNF) qui avaient participé à une enquête visant à identifier la taupe qui aurait informé Nicolas Sarkozy et son avocat Thierry Herzog qu’ils étaient sur écoute.

Lors de ces investigations, des facturations téléphoniques détaillées de plusieurs avocats, dont celle du futur ministre, avaient été examinées. Ces plaintes reprochent également au ministre d’avoir ouvert une autre enquête administrative à l’encontre du juge Edouard Levrault qui avait dénoncé, après la fin de ses fonctions comme juge d’instruction à Monaco, avoir subi des pressions. Avant de devenir ministre, Eric Dupond-Moretti avait été l’avocat d’un des policiers mis en examen par ce magistrat, et avait critiqué les méthodes du juge.

À la suite de ces plaintes, la commission des requêtes de la CJR a approuvé la demande de François Molins de saisir la commission d’instruction de cette même CJR. Cette commission d’instruction agit comme un juge d’instruction concernant les actes accomplis par les ministres dans l’exercice de leurs fonctions, et va donc enquêter sur le garde des Sceaux une fois que l’information judiciaire aura été effectivement ouverte par François Molins.

« L’ouverture d’information judiciaire était nécessaire, il faut qu’une enquête ait lieu, il y a manifestement un problème. »

Interrogé le 7 janvier sur France 2 sur la plainte des syndicats de magistrats, le garde des Sceaux avait indiqué : « Je ne sais pas quel sort lui sera réservé, mais sachez bien que le moment venu, je m’expliquerai, vous pourrez compter sur moi pour dire tout ce que j’ai à dire. »

« L’ouverture d’information judiciaire était nécessaire, il faut qu’une enquête ait lieu, il y a manifestement un problème », a réagi pour sa part Me Jérôme Karsenti, avocat d’Anticor.

Plusieurs autres ministres ou ex-ministres d’Emmanuel Macron, parmi lesquels Edouard Philippe, Agnès Buzyn, Olivier Véran, Sibeth Ndiaye, sont déjà visés depuis le 7 juillet par une autre information judiciaire confiée à la commission d’instruction de la CJR, cette fois concernant la gestion de la crise du coronavirus.

Lire aussi : « Intimidation des magistrats » ? Bernalicis signale Dupond-Moretti au procureur de la République

Source : RT France


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2 réponses

  1. Annwn dit :

    C’est un fait sans précédent : le ministre de la Justice est poursuivi, alors qu’il est encore en fonction.
    Souvenons-nous qu’avant ce triste sire aux manettes de la Justice, et choisi, de manière évidente, moins pour sa probité que pour « Services rendus », nous avions eu droit au sieur Cahuzac, Ministre chargé du budget de l’Etat et des impôts, fraudant impunément le fisc et blanchissant allègrement de l’argent.
    Rappelons que Jérôme Cahuzac a été défendu par deux avocats pénalistes, dont… Éric Dupond-Moretti. Suite à un aménagement de sa peine, Cahuzac verra finalement son emprisonnement transformé en avril 2019 en port de bracelet électronique ; et depuis septembre 2020, il coule des jours heureux dans sa résidence principale, en Corse, sans bracelet électronique ni plus aucune convocation à la Police ou la justice.
    Un des drames de nos temps de la fin est cette banalisation de notre quotidien, cette tolérance extrême pour toutes ces anormalités qui désormais, en se multipliant et en se juxtaposant, sont arrivées à créer une atmosphère chaque fois plus irrespirable, du fait même de leur propension à « pomper l’oxygène » nécessaire à toute cohabitation sociale.
    Comment en est-on arrivé là ?
    Lien : https://livresdefemmeslivresdeverites.blogspot.com/2017/07/lebienetlemal.html

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