Le pouvoir de guérison de l’amour ? La liaison par paire pourrait prévenir le cancer chez la souris


Les cellules cancéreuses semblent avoir plus de mal à se développer parmi les souris liées par paires, selon une nouvelle étude qui a exploré l’“effet veuvage”.

  • L’effet veuvage décrit le fait qu’une personne devient plus susceptible de mourir peu après le décès de son conjoint.
  • Dans la nouvelle étude, les résultats d’expériences menées sur des rongeurs suggèrent l’existence d’un mécanisme biologique par lequel la formation de couples modifie l’expression génétique des cellules cancéreuses.
  • Ces résultats pourraient ouvrir de nouvelles voies pour le traitement du cancer, mais ils soulèvent également des inquiétudes quant à la précision de la recherche médicale impliquant des rongeurs.

L’amour possède-t-il des pouvoirs de guérison ? La question peut sembler naïve, mais les médecins l’ont envisagée sous diverses formes depuis près de deux millénaires.

L’idée que l’amour guérit pourrait être née de son inverse : la tristesse fait du mal. Au IIe siècle, le médecin grec Aelius Galenus a proposé que la mélancolie et la dépression puissent provoquer le cancer. D’autres médecins ont ensuite repris cette hypothèse, notamment des médecins arabes au 9e siècle, des médecins français au 17e siècle et la psychologue américaine Elida Evans, du 20e siècle, dont l’examen de 100 patients atteints de cancer en 1926 a révélé que tous avaient perdu des relations affectives importantes avant de développer la maladie.

Les résultats d’une nouvelle étude suggèrent que les relations amoureuses protègent effectivement contre le cancer. Qui plus est, cette protection ne semble pas découler des traits de comportement ou du mode de vie des couples, mais plutôt d’un mécanisme biologique qui inhibe directement la croissance des tumeurs.

L’effet veuvage

Publiée dans la revue eLife, l’étude a utilisé des souris pour explorer “l’effet veuvage”, un phénomène bien documenté selon lequel une personne devient plus susceptible de mourir peu après le décès de son conjoint.

Les chercheurs ont extrait des sérums sanguins de deux groupes de souris. Le premier groupe était composé de souris monogames qui s’étaient liées pendant un an ; dans l’autre groupe, les liens de couple avaient été rompus après 12 mois. Les chercheurs ont ensuite cultivé des cellules cancéreuses pulmonaires humaines dans les sérums des deux groupes. Dans le sang des souris dont les liens de couple avaient été rompus, les cellules cancéreuses ont grossi, ont pris des formes liées à un risque accru de cancer et ont présenté une activité génétique suggérant une capacité accrue à se propager.

Les chercheurs ont mené une deuxième expérience sur des souris vivantes. Ils ont extrait des cellules cancéreuses du poumon de souris ayant des liens de paires et de souris dont les paires ont été rompues et ont implanté ces cellules dans des souris vierges dont le système immunitaire était affaibli. Les cellules cancéreuses des souris dont le couple a été rompu se sont développées plus efficacement chez les rongeurs vierges, ce qui suggère que “les effets protecteurs de la relation de couple persistent même après le retrait de la souris d’origine”.

L’amour guérit toutes les blessures

Dans l’ensemble, les résultats suggèrent que l’activité sociale – en particulier le lien de paire, c’est-à-dire des relations positives et intimes – peut modifier l’expression génétique et la croissance des tumeurs. Mais comment ? Ce n’est pas exactement clair, mais les auteurs d’un article publié dans Trends in Molecular Medicine ont proposé un processus en trois étapes :

  1. L’information sociale est codée dans un signal neuronal.
  2. Le signal neuronal induit directement ou indirectement la libération d’une sorte de facteur immunitaire dans la circulation sanguine.
  3. Le facteur humoral se lie à un récepteur sur les cellules cancéreuses qui induit des changements dans l’expression génétique.

S’il s’avère exact, ce processus pourrait modifier la façon dont les chercheurs envisagent l’effet veuvage, qui est souvent expliqué par des changements de mode de vie, des modifications du cœur induites par les hormones ou qui n’est pas considéré comme une coïncidence. Le nouveau modèle pourrait établir une base biologique pour cet effet, ce qui ouvrirait la voie à de nouveaux traitements contre le cancer chez l’homme – si les mêmes processus sont observés chez les humains.

Les chercheurs ont écrit :

“…les cancers du veuvage représentent une entité pathologique distincte qui pourrait mériter des stratégies thérapeutiques ciblées, qui devraient prendre en compte les interactions sociales. Ainsi, des mesures préventives pourraient être développées pour atténuer ces effets pro-oncogènes chez les individus en situation de deuil.”

Il est difficile de dire à quoi ressembleraient ces traitements. Après tout, même si la recherche a établi un lien entre les liens de couple et de nombreux avantages pour la santé – une durée de vie plus longue, une pression artérielle plus faible, une meilleure santé mentale – les médecins ne peuvent pas prescrire l’amour. Des traitements pharmacologiques devraient probablement faire l’affaire.

Les chercheurs ont également noté que les résultats soulèvent des inquiétudes quant aux études médicales qui utilisent des modèles animaux : étant donné que la santé des souris peut dépendre en partie des relations entre les rongeurs, il est possible que certaines études n’aient pas réussi à “saisir avec précision l’ensemble du spectre du processus tumorigène et les facteurs dérivés de l’hôte associés”.

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Source : Big Think – Traduit par Anguille sous roche


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