L’injection de liquide céphalorachidien de souris plus jeunes améliore la mémoire des plus âgés


Si l’immortalité est peut-être à jamais hors de portée, une retraite longue et en pleine santé fait rêver.

À cette fin, une étude récente suggère que les types de problèmes courants de mémoire durant la vieillesse peuvent être inversés, et tout ce qu’il faut, c’est un peu de liquide céphalo-rachidien prélevé chez les jeunes. Chez la souris, du moins.

Si cela vous semble un peu familier, vous pensez peut-être à une série d’études similaires réalisées au milieu des années 2010, qui ont montré que les souris âgées pouvaient être généralement « rajeunies » avec le sang d’animaux plus jeunes, à la fois d’humains et de souris. L’Agence fédérale américaine des produits alimentaires et médicamenteux (FDA) a même dû avertir les gens d’arrêter de le faire.

Cette nouvelle étude s’est plutôt penchée sur les liens entre la mémoire et le liquide céphalorachidien (LCS), et les résultats sont très prometteurs, fournissant même un mécanisme pour expliquer comment cela fonctionne, et mettant en évidence un facteur de croissance potentiel qui pourrait reproduire les résultats.

Nous savons que la composition du LCS change avec l’âge et, en fait, ces changements sont utilisés de manière routinière en clinique pour évaluer la santé du cerveau et les signes biologiques de maladie. Cependant, on ne sait pas bien comment ces changements affectent la fonction des cellules dans le cerveau vieillissant.

Pour enquêter, les chercheurs, dirigés par Tal Iram, neurologue à l’université de Stanford, ont pris des souris âgées (entre 18 et 22 mois) et leur ont administré des chocs lumineux sur le pied, en même temps qu’une tonalité et une lumière clignotante étaient activées. Les souris ont ensuite été divisées en groupes et ont reçu soit du LCS de jeunes souris (provenant d’animaux âgés de 10 semaines), soit du LCS artificiel. Dans ce type d’expérience, si les souris se figent à la vue du signal sonore et lumineux, cela signifie qu’elles se souviennent du choc au pied et qu’elles se préparent à le subir à nouveau.

Dans cette étude, trois semaines après les chocs au pied (que l’équipe a appelé « acquisition de la mémoire »), les chercheurs ont testé les souris et ils ont constaté que les animaux qui avaient reçu le LCS de jeunes souris présentaient un figeage supérieur à la moyenne, suggérant qu’ils avaient une meilleure mémoire.

Une batterie d’autres expériences a ensuite été réalisée pour vérifier la théorie, qui a révélé que certains gènes (différents dans le LCS des jeunes et des vieilles souris) pouvaient être utilisés pour obtenir la même réponse. En d’autres termes, sans avoir besoin d’extraire le liquide cérébral d’une personne.

Lorsque les chercheurs ont examiné de plus près les changements de gènes survenus dans l’hippocampe (une région associée à la mémoire et au déclin cognitif lié au vieillissement), ils ont découvert, à leur grande surprise, la signature de gènes appartenant aux oligodendrocytes. Ces cellules du système nerveux sont uniques, car leurs progéniteurs sont encore présents en grand nombre dans un cerveau âgé, mais ils réagissent très lentement aux signaux qui favorisent leur différenciation. Les chercheurs ont constaté que lorsqu’ils sont réexposés à du LCS jeune, ils prolifèrent et produisent davantage de myéline dans l’hippocampe.

Chez les souris, une perfusion d’un facteur de croissance des fibroblastes appelé FGF17 a permis de stimuler les cellules progénitrices des oligodendrocytes de la même manière que l’injection de LCS.

Les oligodendrocytes sont particulièrement utiles, car ils produisent la myéline, une membrane qui recouvre et isole les fibres des neurones. La perfusion de FGF17 a elle-même permis aux souris âgées d’améliorer leur capacité de mémorisation.

Bien que ce domaine de recherche ait encore un long chemin à parcourir avant que nous puissions utiliser ces connaissances pour accroître la mémoire chez les humains âgés, les résultats sont passionnants et il faut espérer que de futures études suivant ces pistes pourront aider à vivre notre retraite sans avoir à recourir aux fluides corporels de jeunes prodiges…

Non seulement l’étude implique que le FGF17 a un potentiel en tant que cible thérapeutique, mais elle suggère également que les voies d’administration des médicaments qui permettent aux thérapeutes d’accéder directement au LCS pourraient être bénéfiques dans le traitement de la démence. Tout traitement de ce type sera extrêmement utile pour soutenir notre population vieillissante.

L’étude publiée dans Nature : Young CSF restores oligodendrogenesis and memory in aged mice via Fgf17 et présentée dans le New York Time : Spinal Fluid From Young Mice Sharpened Memories of Older Rodents.

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Source : GuruMeditation


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