Des archéologues affirment que des flûtes vieilles de 12 000 ans découvertes dans le nord d’Israël pourraient avoir été utilisées pour attirer les faucons


De nouvelles recherches révèlent qu’il y a environ 12 000 ans, dans le nord d’Israël, des humains ont transformé des os de petits oiseaux en instruments imitant le chant de certains oiseaux.

Ces petites flûtes auraient pu être utilisées pour faire de la musique, appeler les oiseaux ou même communiquer sur de courtes distances, suggèrent les chercheurs le 9 juin dans Scientific Reports.

Les auteurs de l’étude expliquent que les communautés paléolithiques pouvaient utiliser le son de ces objets pour communiquer, attirer des proies lors de la chasse ou même faire de la musique.

L’étude a été menée par une équipe internationale d’archéologues et d’ethnomusicologues dirigée par José Miguel Tejero, chercheur au Séminaire d’études et de recherches préhistoriques (SERP) de l’Université de Barcelone et au Laboratoire de paléogénétique de l’Université de Vienne, et par Laurent Davin, du Centre national de la recherche scientifique (CNRS) français. Les objets ont été découverts sur le site archéologique d’Eynan (Ain Mallaha), dans le nord d’Israël, qui date de la période archéologique ou culture du Natufien supérieur et qui est fouillé par une équipe franco-israélienne depuis 1955.

Le site archéologique d’Eynan (Ain Mallaha) a été habité entre 12 000 et 8 000 ans avant notre ère, à peu près à l’époque où l’homme a connu une révolution massive, passant de chasseurs-cueilleurs nomades à des communautés plus sédentaires et semi-sédentaires.

Ces sept flûtes (chacune présentée sous trois angles) fabriquées à partir d’os de petits oiseaux aquatiques sont les plus anciens instruments à vent connus du Moyen-Orient, selon une nouvelle étude. La plus grande ne mesure qu’environ 63 millimètres. Photo de l’étude : LAURENT DAVIN

L’équipe d’archéologues franco-israéliens a découvert des fragments de sept flûtes différentes, datant d’environ 10 000 ans avant notre ère, ce qui constitue la plus grande collection d’instruments préhistoriques produisant du son jamais trouvée au Levant.

Laurent Davin, chercheur postdoctoral à l’université hébraïque, examinait certains des ossements retrouvés lorsqu’il a remarqué de minuscules trous percés à intervalles réguliers le long de quelques-uns d’entre eux. Les experts ont d’abord considéré ces trous comme une usure normale des délicats os d’oiseaux. Cependant, en examinant les os de plus près, Davin a remarqué que les trous étaient à intervalles très réguliers et qu’ils avaient clairement été faits par l’homme.

« L’une des flûtes a été découverte complète et, pour autant que l’on sache, c’est la seule au monde dans cet état de conservation », a déclaré M. Davin dans un communiqué de presse accompagnant la publication de l’article.

Les instruments ont été mis au jour dans les vestiges de petites habitations en pierre sur un site lacustre appelé Eynan-Mallaha. Toutes les flûtes ont été fabriquées à partir d’os d’ailes d’oiseaux aquatiques qui passaient les mois d’hiver au bord du lac, note Laurent Davin. Sur les sept flûtes trouvées, la plus grande semble intacte et mesure environ 63 millimètres de long.

Davin et son équipe ont utilisé l’os de l’aile d’un colvert femelle moderne pour créer une réplique précise de la flûte préhistorique. Lorsqu’on en joue, l’instrument émet des sons aigus semblables aux cris du faucon crécerelle et de l’épervier d’Europe, ce qui soulève la possibilité que ces instruments aient été utilisés pour attirer les oiseaux.

Selon Davin, ces flûtes auraient pu être portées lors de la chasse. La plus grande flûte était décorée d’ocre rouge et présentait un endroit usé où elle pouvait être suspendue à une corde ou à une bande de cuir.

La flûte représente une découverte importante, mais elle n’est pas à la portée de tout le monde. Elle ouvre cependant une fenêtre sur une période fascinante du développement humain, la complexité de la société et sa capacité à fabriquer des outils.

Université de Barcelone

Les minuscules trous de doigts percés à intervalles réguliers avec des serres dans la flûte vieille de 12 000 ans découverte dans le nord d’Israël Photo : Hamoudi Khalaily/IAA

Lire aussi : Des tempêtes mettent au jour une précieuse cargaison de marbre provenant d’une épave méditerranéenne vieille de 1 800 ans en Israël

Source : Arkeonews – Traduit par Anguille sous roche


Vous aimerez aussi...

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *