Un mystérieux événement a enseveli une lignée parfaite d’arthropodes il y a 480 millions d’années


Un groupe d’arthropodes anciens et ordonnés, conservés pour l’éternité dans une lignée soignée, est en train de changer ce que nous savons du comportement animal, selon une nouvelle analyse de fossiles vieux de 480 millions d’années découverts au Maroc.

arthropodes-fossiles-Ampyx priscus

Les scientifiques en savent beaucoup sur le comportement de regroupement des arthropodes modernes. Prenons l’exemple des chenilles processionnaires du pin, qui utilisent des pistes de phéromones pour se déplacer tête à queue en “grands groupes sur de longues distances” afin de trouver des sites de nymphose. Dans l’océan Pacifique, les langoustes effectuent des migrations massives d’une seule file à travers la haute mer lorsque les eaux peu profondes deviennent difficiles pour atteindre les frayères. Dans les deux cas, ces arthropodes restent en contact les uns avec les autres en touchant littéralement leurs camarades avec des capteurs et en communiquant par des signaux chimiques.

Mais l’histoire du comportement des espèces anciennes est restée incertaine. Le comportement collectif et social a évolué par sélection naturelle il y a des millions d’années, mais son origine est mal comprise. Aujourd’hui, des amas linéaires d’Ampyx priscus, un arthropode trilobite trouvé dans les océans il y a 480 millions d’années, aident la communauté des chercheurs à comprendre comment les animaux anciens formaient des groupes.

Les scientifiques ont examiné une lignée d’arthropodes de 16 à 22 millimètres de long dont le corps avant faisait tous face à la même direction et restait en contact avec les épines. Comparés au comportement des langoustes, les chercheurs ont constaté que les arthropodes présentaient le même type de comportement qui ne pouvait pas être le résultat d’un “transport passif”, mais plutôt un comportement rassemblé et coordonné.

Ampyx priscus en formation linéaire. Jean Vannier

“Ampyx priscus migrait probablement en groupes et utilisait ses longues épines saillantes pour maintenir une formation à une seule rangée par des contacts physiques éventuellement associés à des mécanorécepteurs et/ou des communications chimiques”, ont écrit les auteurs de l’étude dans Scientific Reports. “Ce comportement de groupe peut avoir été une réaction à un stress environnemental dû à des tempêtes périodiques révélées par des preuves sédimentologiques, ou a été associé à la reproduction.”

Des groupes semblables ont été trouvés partout dans le monde, du Canada à la Pologne en passant par le Portugal, mais on manque souvent d’information sur la façon dont les animaux se sont retrouvés dans leur dernière tombe. Dans le cas de l’Ampyx priscus marocain, les chercheurs croient qu’ils ont probablement été tués soudainement alors qu’ils étaient en voyage, peut-être après avoir été ensevelis sous les sédiments pendant une tempête.

“La quantité de sédiments déposés pendant une tempête était probablement suffisante pour ensevelir des trilobites et d’autres animaux épibenthiques in situ, mais pas assez puissante pour les emporter”, notent les auteurs.

Comme Ampyx priscus était aveugle, ils auraient communiqué par stimulation sensorielle avec leurs épines et par l’émission de produits chimiques comme les phéromones. S’il s’agit bien d’un effort coordonné, que ce soit dans l’intention de trouver des sites de reproduction ou d’échapper à des conditions environnementales extrêmes, les auteurs affirment que cela améliore notre compréhension de la façon dont les animaux ont évolué le comportement collectif des groupes.

Lire aussi : Découverte du plus vieux fossile de l’Archaeopteryx, un oiseau qui vivait il y a 150 millions d’années

Source : IFLScience – Traduit par Anguille sous roche


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