96 % des emplois, ceux qui ne sollicitent pas l’ingéniosité humaine, sont appelés à disparaître du fait de l’IA, d’après Gary Kasparov


Gary Kasparov est le champion du jeu d’échecs vaincu par Deep Blue d’IBM en 1997.

C’est de façon brossée ce qu’on peut retenir d’un entretien que Gary Kasparov a accordé au site Wired. L’ex-champion du jeu d’échecs défait en 1997 par Deep Blue prédit la disparition de 96 % d’emplois du fait de l’intelligence artificielle, mais donne des pistes pour y faire face…

Deep Blue d’IBM n’était pas censé battre le grand maître du jeu d’échecs Gary Kasparov lors de leur match de revanche de 1997. En effet, les experts en informatique de l’époque pensaient que les machines ne nous battraient jamais aux jeux de stratégie du fait de la supériorité de l’ingéniosité humaine sur l’analyse par la force brute (d’après ses concepteurs, Deep Blue était programmé pour calculer jusqu’à 200 millions de positions par seconde, mais n’appliquait aucune stratégie de jeu), mais l’issue de la rencontre est venue démontrer le contraire. L’histoire s’est répétée en 2016 lorsque le Sud-Coréen Lee Sedol a perdu contre AlphaGo – l’intelligence artificielle de Google conçue pour jouer au jeu de Go. Cet état de choses l’a amené à prendre sa retraite trois ans plus tard au motif de ce que les agents IA sont désormais imbattables. En fait, la liste des exemples qui illustrent le fait qu’une machine peut être mise sur pied pour surpasser un humain sur une tâche donnée peut être allongée à souhait.

C’est un sujet d’inquiétudes pour bon nombre d’acteurs de la filière surtout que les développements actuels portent déjà sur une IA capable d’intelligence transverse comme les humains ; c’est sur cet axe que des entreprises comme OpenAI travaillent (et promettent au grand public dans une dizaine d’années) et qu’Elon Musk qualifie de risque fondamental pour la civilisation humaine. C’est d’ailleurs pour préparer l’humanité à ce « funeste » futur qu’il travaille sur un projet qui vise à faire fusionner un cerveau humain et un ordinateur, ce, pour permettre aux humains de rivaliser avec l’intelligence artificielle.

Les travaux en cours au sein de Neuralink seraient basés sur ceux du professeur Charles Lieber de l’université de Harvard. D’après des révélations de ce dernier, ces ordinateurs à implanter au cerveau seraient des espèces de maillage 2D poreux que l’on insère dans un être vivant par injection. Par la suite, la structure tissulaire du cerveau recouvre les pores rendant ainsi l’ensemble cerveau-ordinateur homogène. L’une des difficultés à laquelle le chercheur reconnaît faire face c’est la nécessité de rendre l’implant moins intrusif pour éviter des réactions du système immunitaire, le but ultime étant, d’après lui d’avoir un implant qui étant parfaitement intégré à la structure tissulaire du cerveau, communique parfaitement avec ses neurones.

Au rang des applications possibles figure la possibilité de stimuler le réseau de neurones vieillissant, ce qui aurait, d’après les chercheurs, comme effet de booster les facultés cognitives de personnes âgées. Le dispositif pourrait également être utilisé pour trouver une solution aux problèmes des handicapés moteurs. L’on entrevoit aussi la possibilité de prendre le contrôle d’un véhicule à distance à l’aide de ce dispositif. On s’attend dans tous les cas à avoir des applications utiles puisque les chercheurs disent « travailler pour le bien de l’humanité » en tentant d’adjoindre ce qui devrait finir par être une intelligence artificielle au cerveau humain pour faire face à l’IA…

Gary Kasparov pour sa part a eu 20 ans de réflexion sur le sujet et lors de sa dernière sortie signe : « Je ne crois pas en l’intelligence artificielle générale. Je ne crois pas que les machines soient capables d’effectuer des transferts de connaissance entre systèmes. » Dans son développement, Kasparov se veut clair : l’intelligence artificielle est un outil qui va dominer dans des systèmes clos conçus par des humains.

Seulement voilà, c’est un outil par rapport auquel on anticipe sur ceci qu’il va s’emparer de bon nombre d’emplois occupés par des humains. En effet, le premier motif d’inquiétude lorsqu’on aborde la question de l’intelligence artificielle (liée à celle de l’automatisation) est celui de l’emploi qu’il soit qualifié ou non. Si tout le monde s’accorde sur le fait que l’IA et l’automatisation vont supprimer de nombreux emplois, la discorde se situe au niveau de l’impact sur le niveau général de l’emploi. En d’autres termes, le nombre d’emplois créés dans les autres secteurs pourrait-il compenser les pertes d’emploi dans les secteurs victimes de l’automatisation ? Réponse de Sam Altman (cofondateur d’OpenAI) à la question lors du New Work Summit du New York Times à mi-parcours de l’année précédente : l’intelligence artificielle remplacera probablement la plupart des emplois actuels, mais elle devrait ouvrir la voie à des emplois plus personnalisés et à une augmentation massive de « l’abondance matérielle » qui pourrait augmenter le PIB mondial de 50 % par an pendant quelques décennies.

Plus précis lors de son entretien avec Wired, Kasparov indique que l’IA va s’emparer des emplois non qualifiés et devrait mener à la création de nouveaux emplois qui sollicitent la créativité humaine. En fait, tout le challenge est là : parvenir à créer ces nouveaux emplois sinon l’IA fera plus de mal que de bien. L’ex-champion du jeu d’échecs a également mis sur la table la question du revenu universel de base pour apporter de l’aide aux sans-emplois du fait de l’introduction de l’intelligence artificielle. C’est là une série d’appels lancés dans la direction des intervenants de la filière et des gouvernements.

Sur les questions qui concernent l’éthique autour de l’intelligence artificielle, Kasparov est d’avis que si l’on arrive à la conclusion que l’IA est un outil alors tout est dit ; les problèmes liés à son utilisation ne peuvent donc pas émaner d’elle, mais de ses concepteurs, des tiers qui utilisent les nouvelles technologies à des fins néfastes. En cela, il rejoint Elon Musk qui appelle à ce que tout développement avancé de l’IA soit réglementé afin d’être orienté au bénéfice de l’humanité.

Lire aussi : Les robots « vont remplacer jusqu’à 20 millions d’emplois manufacturiers » d’ici 2030

Source : Developpez par Patrick Ruiz


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